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Manipulation … et perte de maîtrise des dirigeants … sont bien complémentaires

par Hipparchia

Publié dans : Violences et globalisation. Anthologie et textes de Temps critiques (volume III)


Lettre d’Hipparchia à Temps critiques


Manipulation (utilisation de groupes terroristes) et perte de maîtrise des dirigeants (domination du capital automate) sont bien complémentaires1

Je démarre sur la question du terrorisme. À vrai dire je ne m’y attarderai pas trop, car ceci devient finalement affaire d’intime conviction, si je puis dire. Si tu conviens que l’État (aidé par maints autres services amis) pratique le terrorisme (mais pas l’auto-terrorisme ?) comme en Italie, tu dois bien aussi considérer qu’il agit rarement de façon directe, qu’il instrumentalise souvent des groupes armés, et que plusieurs écrans de fumée s’interposent entre les faits et leur relation par les différents médias, ce qui nous laisse peu d’occasion d’y voir très clair, d’où l’intérêt de l’analyse pointue pour y suppléer, et celle de Debord/Sanguinetti fut plutôt sérieusement menée.

« Théorie du complot » et « vision policière de l’histoire » sont des expressions qui visent à dénaturer les analyses les plus sérieuses émanant des secteurs de la critique ; cela ne rend service à personne, en tout cas ne permet pas d’y voir plus clair. La « théorie du complot »2 (souvent abusive je te l’accorde et pratique pour certains qui se donnent à peu de frais l’illusion d’analyser la marche du monde) qui fait les choux gras de certains médias ou secteurs critiques n’a effectivement pas grande valeur explicative malgré ses prétentions affichées, au mieux elle met en regard plusieurs dits, pratiques et faits qui paraissent contredire voire saper l’explication officielle qui est fournie. La thèse du complot « interne » ou auto-terrorisme d’État doit s’intégrer dans une critique globale sérieuse, et encore une fois pour l’Italie par exemple, cela a été conduit de bout en bout par les situationnistes3.

Je n’ai pas le bouquin de Scalzone que tu cites et le lirais volontiers à l’occasion s’il est encore trouvable, mais que le repenti Franceschini soit aujourd’hui un « délateur spécialiste de la théorie du complot » n’invalide pas pour autant ses anciennes déclarations, pas plus que le fait que l’extrême-droite4 soit mêlée à ce genre de théorie ; la question est d’approcher la vérité. Quant aux « éventuels camarades qui se trompent » encore aujourd’hui (et encore en Italie), on ne dira effectivement jamais assez les dégâts produits sur les esprits faibles et isolés par la rhétorique de l’action armée contre des personnes ou symboles incarnant le système… vous écrivez vous-même que ce dernier n’a pas besoin d’être humainement présent pour que la valeur circule sur toute la planète, et que la « solution des contradictions par l’affrontement direct entre les hommes n’est plus opérationnelle » ; cela me semble aussi valable pour « notre parti »…

Pour l’histoire du 11 septembre, je ne vois évidemment pas quelle tendance d’un mouvement révolutionnaire serait discréditée en interprétant les attentats comme un coup tordu fomenté par un secteur de l’establishment contre un autre (hypothèse), comme cela c’est si souvent produit : en général archaïques contre modernes, et réciproquement. Le terrorisme est aussi tout simplement un effet de la guerre économique qui a toujours fait rage ; vous écrivez bien p. 19 de Soubresauts que « la priorité est à la guerre économique (…) parce que c’est une nécessité vitale du système de reproduction capitaliste ». Comme je l’écrivais à J. Guigou, tout ceci n’est que le b.a.ba de la politique-gestion des affaires, en tout cas de ce qu’il en reste, (Debord et Sanguinetti avaient aussi bien souligné en leur temps combien les États avaient du mal à « raisonner stratégiquement »5, qu’il ne leur restait qu’un peu de tactique, et que le terrorisme était la continuation de la guerre, donc de la politique, par d’autres moyens. Je suis bien d’accord avec vous, la politique et la guerre sont en voie de disparition, et c’est bien la logique interne aux lois du marché qui conduit aux actes de terreur tantôt diffuse, tantôt concentrée. La confusion qui préside avant, pendant et après l’attaque du 11 septembre indique que « l’élite de fonction »6 navigue à vue, et que ce qui était visible pour elle depuis un certain temps, c’est que la fuite en avant de la valeur allait avoir des effets implosifs impossibles à dissimuler.

Ce qui est flagrant dans cette histoire, c’est que les avantages7 que l’establishment en tire sont faramineux sur le plan social, économique et politique — même si cela ne règle rien et participe encore de la fuite en avant — et que les arguments associés à la théorie officielle du « complot extérieur » frisent la débilité profonde la plupart du temps. Quant à l’instrumentalisation (à multi-usages) de groupes islamistes par les USA ou par le biais de leurs alliés en Algérie, en Palestine, au Pakistan, en Afghanistan et ailleurs dans le monde, pour gérer des intérêts tant locaux que relatifs à la survie du système, elle me semble aussi manifeste.

En résumé je dirais qu’on assiste, de la part des services attitrés, à une combinatoire compliquée faite de manipulation, de beaucoup de laissez faire8, et de perte de maîtrise (et de bêtise) qui permettent d’aboutir ou pas à l’effet escompté. Sans doute que l’imprévu l’emporte en partie sur l’intentionnel dans une complexification grandissante des rapports entre États, groupes multinationaux, factions diverses et autres oppositions concurrentielles9. En tout cas malgré la confusion régnante, le système est toujours bien debout. Le risque qu’il court dans cette affaire finalement, quand la collusion entre les « ennemis » transpire autant, c’est qu’un scepticisme grandissant accueille désormais toute déclaration officielle (et ne parlons pas du cinéma déployé contre les « malhonnêtes gestionnaires » d’Enron and Co).

Je suis d’accord avec vous pour considérer que les déséquilibres et restructurations des années 70 sont toujours en cours, que l’instabilité actuelle peut être le produit d’une faiblesse, qu’aucune dimension stratégique ne se dégage, et que les USA ont sans doute échoué dans leur utopie de représenter tout le capital… Je n’ai pas lu Empire, ni vu dans le no 1 de la revue Tiqqun la thèse que tu évoques de la tendance à la domination du politique sur la gestion et l’économie. J’attends que tu m’en dises plus à l’occasion ; cela dit, dans Soubresauts p. 10, vous écrivez : « De la même façon que l’économie semble s’imposer au social et à la politique, la technoscience s’impose au militaire ». J’en suis bien d’accord, dans les deux cas il s’agit de processus qui semblent passer par-dessus la tête des hommes, qui ont inversé l’ordre des rôles sujet/objet. N’y a t-il pas ici contradiction avec la thèse précédente ?

Dans le droit fil de cela, ne pourrait-on justement interpréter les magouilles terroristes comme participant aussi d’une volonté de reprendre la main de la part du clan archaïque militaro-industriel (deux secteurs en voie de démolition) : vous écrivez vous-mêmes fort opportunément p. 10 « que les États actuels fonctionnent dans un rapport ambigu à leur complexe militaro-industriel », et avant p. 5, vous souligniez bien que les besoins de « la guerre économique nécessitent un transfert de dépense du militaire vers le civil ». Quant à la mafia, loin de la considérer comme gênante, on peut constater qu’elle permet au moins — dans les zones où le capital ne veut ou ne peut se développer pour l’instant — d’accumuler en un temps record de grandes masses de capitaux, de maintenir par la terreur permanente (et la promesse d’enrichissement de quelques kapos locaux ) la paix sociale dans des régions qui sortent du stalinisme mais qui n’ont peut-être pas envie du capitalisme10 (et dont il se trouve que la population n’est pas homogène culturellement, ce qui semble nuire aux affaires, comme Attali l’a benoîtement déclaré un jour). Il me semble (avec d’autres comme Jappe ou Kurz) que le capitalisme arrive tout seul à se faire du tort depuis un bon moment, et qu’il s’est tellement infiltré dans la nature humaine et dans le rapport social sur toute la planète que même ceux qui croient s’y attaquer succombent à une certaine fascination/imitation, et la réciproque est vraie11 (cf. l’extrait d’Échanges). Pour revenir à la thèse officielle, que vous semblez accréditer, (pour Kurz et Jappe les groupes islamiques sont une branche de la socialisation par la terreur), j’ai beaucoup de mal à intégrer ce terrorisme dans le cadre d’une résistance à l’œuvre à la marche du capital (toujours notamment dans ces zones où il ne peut ou ne veut se développer).

Vous écrivez dans Soubresauts qu’il y a un « immense mouvement de refus du mouvement de la valeur », qu’il a commencé avec la révolution iranienne et le développement d’un populisme religieux d’origine chiite contre le mouvement d’individualisation, et qu’il continue aujourd’hui avec un mouvement religieux plus messianique qui rejoue la communauté contre l’État ; la révolte contre le capital s’exprimerait dans l’alternative que constitue la communauté des croyants. Cette réactivation d’un élément du passé cohabiterait avec un élément du présent dans le vaste mouvement de refus de la valeur : le clan Ben Laden, préfiguration d’une classe bourgeoise impossible, (dans le monde arabe, le mouvement de la valeur se serait fixé à un stade archaïque, et l’actuelle révolte s’attaquerait aux effets dissolvants de la communauté de la valeur moderne : individualisme, absence de moralité, État etc.) incarnerait ce mélange d’ancien et de néo-moderne (voir son redéploiement dans la finance et les affaires, et le développement en réseaux anonymes).

En somme ces islamistes-là attaqueraient le capital avec ses propres armes, en participant activement à la valorisation, au nom de la masse des déshérités qui voudraient que le capitalisme ne se développe pas (ce qui reste à vérifier de plus près quand même, si on le peut : quel genre de pression réelle s’effectuerait dans ce sens depuis les fidèles jusqu’à leurs représentants ?), et tout ceci sans projet politique. Autrement dit, une abstraction est jouée contre une autre (communauté des croyants contre « religion sécularisée du capital » selon l’expression de Kurz12).

Évidemment ceci n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, la démarche national-socialiste des années 30/40 (qualifiée de « religiosité laïque ») qui voulait incarner le ressentiment contre le capitalisme d’une masse de gens, sans projet politique ni social autre13 que celui de ressouder la communauté sentimentale14, contre la communauté abstraite de la valeur. Cette fois ce serait le citoyen américain qui serait fétichisé comme incarnation de la valeur formelle qui se tient derrière la « culture moderne, matérialiste et vulgaire »15

Si refus du mouvement de la valeur il y a dans le fondamentalisme islamiste, il est mal barré. Plus sérieusement que faire d’un mouvement contre la valeur qui ne se connaît pas comme tel ? Pour ma part, je m’en tiens aux faits : les fondamentalistes se déploient quand le gendarme en chef le veut bien et constituent un comité de vigilance anti-révolte (laïque) permanent ; ce mouvement théoriquement opposé à l’État vise en fait toutes les résistances qui ne veulent justement pas s’y soumettre (cf. les intégristes juifs qui ont tant cassé ces derniers mois cette résistance palestinienne qui peut-être ne voulait s’intégrer ni au Hamas, ni au Fatah)16.

La théorie du spectacle dévoile l’origine et la nature étatique du terrorisme.

1) Vous écrivez dans Soubresauts, p. 24 (après avoir fustigé en passant les avatars de la vision policière de l’histoire) que « la question de la sécurité devient fondamentale. Ce qui n’est plus qu’opération internationale de police se double d’une sécurisation intérieure. La sécurité devient un secteur fondamental de ce qu’on appelle le système de reproduction capitaliste. Il ne faut pas voir dans le développement de ce secteur une soupape de sécurité par rapport au fort chômage (…) ni le fait que l’État aurait absolument besoin du terrorisme pour nous faire avaler la pilule ». Et vous avez écrit avant (pp. 18-19) « qu’il n’y a plus guère de raison d’employer la notion de cours historique ».

Malgré cela et le nombre de faits corroborant ces considérations (gestion policière des affaires intérieures et extérieures, complicité des classes, tendance à la totalisation du capitalisme, absence actuelle du cours de l’histoire), il répugne à considérer que nous vivons dans une société policière à plus d’un titre et qui pratique — entre autres — le terrorisme quasiment comme elle respire. Même si la révolution n’est pas à l’ordre du jour, l’organisation sociale établit et entretient les conditions d’une contre-révolution permanente ; elle a même réussi à polluer la pensée critique qui en grande partie se fait piéger. Il est frappant de voir combien les accusations en abîme17 « théorie du complot » ou « vision policière de l’histoire » (parfois même associées à celle de « révisionnisme », pour en rajouter sur le caractère sacrilège de certaines analyses) sont utilisées pour régler des comptes entre représentants du même « parti »18. Je m’excuse de citer encore du Debord19, mais si Camatte n’a pas tort de pointer le flou qui entoure le concept du spectacle, d’autres analyses du même restent toujours instructives. Par ailleurs, il y a autant d’intentionnalisation sous-jacente (ou aussi peu) dans le propos de J.W. sur la sécurité que dans celui de Debord sur le secret : dans tous les cas, ne s’agit-il pas d’un système qui actionne et entretient les rouages les plus adaptés à sa reproduction ?

Le terrorisme est un phénomène récent en Amérique du Nord ; on peut estimer qu’il signale, d’une manière ou d’une autre, une crise du système plus marquée que d’habitude : j’opte pour la thèse du terrorisme plus ou moins conduit par le système comme écran de fumée vis-à-vis de ce qui va suivre (plutôt qu’exécuté par un secteur contre un autre). Ceci à partir notamment de l’accumulation des manquements des services secrets (ce que J.W. appelle « l’énorme suffisance du pouvoir américain qui l’entraîne à ne pas voir la vérité en face ») et juste après les attentats, leur étonnante remise en forme, sans parler de l’énorme cafouillage des terroristes qui se cachaient à peine et que des services israéliens pistaient d’ailleurs (cf. Le Monde du 6 mars 2002) ; un « laissez-faire » à ce point équivaut à du « vouloir-faire ».

Dernière remarque : l’enchaînement logique des derniers événements policiers (11 septembre, Gênes et assassinats revendiqués par des B.R.) ont mené Persichetti en taule. Un copain m’a fait lire dans le numéro 9 du mensuel Maintenant du 21 juin 1995, que tu connais peut-être, l’interview de Cossiga par la revue Sette. Scalzone y commente les déclarations du pseudo-repenti d’État Cossiga en espérant que ses pairs « établiront un moratoire sur toute idée d’extradition vers la péninsule de fugitifs poursuivis par une justice d’État... d’urgence, dont Cossiga fut l’un des architectes ». Cossiga dit dans cette entrevue qu’il regrettait que ses lois d’exception aient été banalisées, et qu’il voulait aider les rescapés emprisonnés (grâce à lui pourtant), par « charité chrétienne »... d’ailleurs, il ne parle plus de terrorisme mais de « subversion de gauche comme phénomène autochtone et spontané ». Il précise que « dans toute l’arrièrologie qu’on a bâtie, et j’entends par là les prétendues manipulations des BR par les services secrets et la loge maçonnique P2, il y avait la tentative d’enlever toute dignité à la lutte armée. La dignité provenait de ce qu’ils croyaient combattre pour la liberté contre l’imminent retour au fascisme ».

Je veux bien entendre que vous vous méfiez des déclarations du repenti Franceschini (dont se servent les tenants de la thèse du terrorisme d’État et des BR manipulées, consciemment ou pas), mais les arguments développés par Cossiga sont qualifiés par Scalzone « d’extrêmement parlants, plus que tout autre argumentation de notre part » ; et basta ! Autrement dit, ce témoignage-là n’est pas sujet à caution, et il se trouve qu’il renforcerait la thèse de la lutte armée des BR non manipulées. C’est tout ce qu’on peut en dire ? Tout ceci me laisse perplexe.

Par ailleurs, j’ai lu les passages (pp. 22 et 116-118) du livre La révolution et l’État concernant les thèses de Debord sur le terrorisme en Italie, et j’ai été assez déçue par la pauvreté de l’argumentation (alors que tu m’avais parlé de « démontage de la construction de Debord »). Retracer l’historique de la rétrologie d’extrême droite et l’usage qu’en a fait le PCI, pourquoi pas, c’est instructif. Mais il se trouve qu’ensuite, à partir d’un maigre extrait de son exposé, ledit Debord est qualifié de « doux-dingue » qui s’est mis au niveau de la littérature rétrologique, car le malheureux était frustré de n’avoir pu influer sur le cours de l’histoire en Italie : il est ainsi recouru au discours psychiatrisant ordinaire.

Franchement, c’est un peu court... Désolée de continuer sur cette discussion avec cette actualité, mais de toutes les façons, le sujet est visiblement toujours brûlant.

Hipparchia

Notes

1 – Nouvelle lettre d’Hipparchia à la réponse de J. Wajnsztejn.

2 – Mais avec le terrorisme, d’où qu’il vienne, n’y a-t-il pas forcément complot ?

3 – Il serait quand même temps que le perpétuel ton revanchard à l’égard des situs se dissolve ; cf. le no 100 d’Échanges, p. 68 info sur Wildcat-Zirkular…

4 – Je connais les « enchaînements » de Bodo, mais tu sais bien que nous n’étions pas d’accord sur tout…

5 – cf. p. 23 de Soubresauts.

6 – Selon l’expression de Robert Kurz in Économie totalitaire et paranoïa de la terreur (si je l’ai bien comprise car la note s’y rapportant n’est pas claire).

7 – Si on s’amuse à aligner la liste des « Après le 11/09, les capitalistes en ont profité pour », elle écrasera certainement celles « Cela les a empêchés de… ».

8 – cf. notamment les déclarations dans ce sens de militaires algériens repentis.

9 – J’ai lu dans Échanges et mouvement no 100, p. 52 le petit billet suivant : « D’après le bimensuel brésilien Exame, les experts en management, fascinés par l’organisation Al-Qaïda, étudient sérieusement cette structure qui leur semble un modèle d’efficacité dans un milieu hostile comme celui de la concurrence internationale, où chaque firme recours à une forme de terrorisme pour tenter de supplanter les autres firmes concurrentes (…) un consultant américain a estimé qu’il aurait fallu détruire 21 % du réseau Al-Qaïda pour prévenir les attentats du 11 septembre, alors que dans une structure hiérarchique traditionnelle, une élimination de 5 % du réseau aurait suffi. »

10 – cf. de manière analogue cette image du débarquement US en 1943 en Sicile avec en tête le chef de la mafia locale, pour gérer la transition d’avec le fascisme…

11 – Kurz parle de la « pulsion de mort du sujet capitaliste », vous de « la volonté de mort qui nie le terroriste islamiste en tant qu’individu »

12 – « Parce que le noyau irrationnel de l’idéologie du capital ressemble à s’y méprendre au fondamentalisme islamique ».

13 – Bien que l’État y gardât une place prépondérante.

14 – Bien que fondée sur le sol, le sang, la race.

15 – cf. Postone in Temps critiques no 2.

16 – Nous coupons ici un extrait de cette lettre qui ne correspond pas au propos. On peut retrouver l’intégralité du courrier dans Temps Critiques no 13.

17 – On est toujours le « théoricien du complot » de quelqu’un…

18 – cf. le Publicitaire no 5 sept. 2001 qui parle de « paranoïa anti-paranoïaque (et de moderne inquisition) qui touche même les insoumis » à propos de Riesel tentant de ridiculiser Debord dans son interview à Libération. Cela dit quelques lignes plus loin, le rédacteur affaiblit ses remarques dans un ton outrancier et revanchard à l’égard de Riesel (typique de ce milieu pro-post-néo-situ qui sans doute sur ce plan non plus « ne se corrige pas »…).

19 – Dans Commentaires sur la société du spectacle, p. 67 : « La “conception policière de l’histoire” était au XIXe siècle une explication réactionnaire et ridicule, alors que tant de puissants mouvements sociaux agitaient les masses. Les pseudo-contestataires d’aujourd’hui savent bien cela, par ouï-dire ou par quelques livres, et croient que cette conclusion est restée vraie pour l’éternité ; ils ne veulent jamais voir la pratique réelle de leur temps ; parce qu’elle est trop triste pour leurs froides espérances. L’État ne l’ignore pas, et en joue. Au moment où presque tous les aspects de la vie politique internationale, et un nombre grandissant de ceux qui comptent dans la politique intérieure, sont conduits et montrés dans le style des services secrets, avec leurres, désinformation, double explication — celle qui peut en cacher une autre, ou seulement en avoir l’air — le spectacle se borne à faire connaître le monde fatigant de l’incompréhension obligatoire, une ennuyeuse série de romans policiers privés de vie et où toujours manque la conclusion ».

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